6 oct. 2010

Arman explose de colère au Centre Georges Pompidou du 22 septembre 2010 au 10 janvier 2011

Retrospective Arman à Beaubourg
"Afin de préserver le confort de visite et la sécurité des oeuvres, il est désormais interdit de photographier ou de filmer dans les salles d'expositions et de musée". En clair dans le texte... No Photo ! Et je ne parle pas d'expo interdites au moins de 18 ans. Non, je parle de musées ou de salles d'exposition tels que le Louvre, Orsay, Beaubourg... Cette formule devient le quotidien de moultes lieux d'art. D’un point de vue humain, j'éprouve un peu de compassion pour les gentils gardiens de salle, qui dorment, pardon, je veux dire qui sont à la disposition des visiteurs et qui passent plus de temps à interpeller le photographe resquilleur qu'à informer le néophyte. Il n'en reste pas moins que cela pourrait être un jeu rigolo que de devenir le photographe spécialiste mondial de la prise de vue "à bout de bras" via le téléphone mobile (geste ô combien contemporain) sans se faire pincer.

A ce nouveau sport, l'iPhone est l'arme absolue et chaque propriétaire rivalise d'ingéniosité dans les techniques de dissimulation pour immortaliser l'oeuvre d'art visée. Dans la longue liste des tactiques d'approche, vous avez le paparazzi artistique qui tente de prendre un cliché furtif, sans trop regarder, de manière approximative, caché derrière un sac ou un grand manteau, porté négligemment sur le bras, et qui immortalise en même temps qu'une moitié de tableau, un bout de plafond, les spots lumineux et la tignasse de la silhouette, que l'on devine être une personne et qui, elle, cherchait à éviter d'être sur la prise de vue. Vous avez aussi celui qui fait mine de téléphoner et qui, ni vu ni connu, t'allonge le bras, genre "désolé mais mon interlocuteur parle tellement trop fort que je suis obligé de décoller l'oreille du combiné" (et accessoirement de fermer un oeil pour viser... oups !). Et vous avez le plus fort, parce que le plus évident, le plus naturel. Celui qui prend tout simplement sa photo, sous les yeux du gardien de salle et, ce, malgré les remarques répétées : "Sioupléééé, les photos sont interdites". Les plus culottés peuvent même agrémenter la prise de vue d'un bon vieux coup de flash des familles et sans aucun remord.

Bon, on l'a tous compris le "No Photo" il permet avant tout d'augmenter la manne que représente les droits photographiques et inciter le visiteur lambda à acheter toujours plus de cartes postales dans les boutiques pour toujours plus de ventes substantielles. Moi je dis... "eh ! faut pas pousser mémé dans les orties". Autrement dit... il ne faut quand même pas se moquer du monde. A l'heure de Facebook et des sites de blog sur lesquels tout un chacun peut partager ses photos et participer à la démocratisation culturelle (d'ailleurs merci à Piola pour sa recommandation... j'en parlerai plus tard), ce "No Photo" ressemble terriblement à un jeu de dupe. Il est d'autant plus drôle que ces mêmes musées et autres lieux d'expositions multiplient les visites privées pour la presse et autres blogueurs faiseurs de tendance pour qu’ensuite ceux-ci fassent la promotion des lieux. Certains établissement nationaux remettent même des récompenses aux photographes amateurs les plus méritants. Sachant cela, ce que l'on ressent, c'est que cette règle du "No Photo", c'est un peu deux poids, deux mesures. C'est plus une question de personne, de temps, de moment et d'argent que véritablement une démarche respectueuse des droits des artistes (enfin si, un peu). Alors, entre démocratisation culturelle et privatisation culturelle, j'ai choisi. Et pour ne citer qu'eux (encore une fois me direz-vous), je trouve que la pilule passe beaucoup mieux à Londres lorsque l'on rentre gratuitement dans un musée (pour la plupart) et que l'on me demande (gentiment, parce que l'art n'empêche pas la politesse) de ne pas prendre de photo. Je me dis... 0£, pas de photo c'est juste. En revanche, 12 €, pas de photo... je tique un peu.

Bon voilà, ça, pour le côté "choui pas content et je le dis", c'est fait ! Reste qu'en ce samedi ensoleillé et malgré les restrictions ambiantes sur la prise de photo, j'ai profité des recommandations de Piola pour visiter l'exposition Arman au Centre Georges Pompidou. L'exposition Arman, c'est deux évènements en un. C'est, une visite pour les adultes où objets manufacturés de la société de consommation (seconde moitié du 20ème siècle) sont empilés, compressés (si si il n'y avait pas que César), collectés, dépoubellisés, carbonisés, repeints, découpés, inclus dans de la résine et plus encore (et pas tout en même temps). Et c'est aussi, la galerie des enfants (impossible d'entrer sans le Pass pour les adultes) qui propose de parcourir les ateliers d'une usine en couleur où les mini visiteurs peuvent expérimenter les techniques et autres procédés d'Arman. Ah oui, là je refais mon bougon sympathique mais il faudra tout de même qu'on m'explique ce que faisait cet atelier photographique (si si vous avez bien lu... photographique) dans la galerie des enfants. Je tiens tout de même à signaler que cet atelier photographique reste mon préféré. Les enfants peuvent y déposer objets, tampons, collages et immortaliser leurs compositions sur un mur de photos numériques qui s'enrichira au cours de l'expo.

Au final, je ne suis pas ressorti en fan inconditionnel de Arman. Cela reste malgré tout une bonne expérience. J'avoue que le côté répétitif des oeuvres proposées m'a un peu lassé (et puis ça manque un peu de couleur pour moi). Il se dégage néanmoins un humour décalé que je trouve assez rafraîchissant. Je vous en cite un florilège : la Vénus aux blaireaux (un buste de femme en plexiglas rempli de blaireaux de rasage et qui portait le titre anglais de Femme de Barbe Bleue), La vie à pleine dents (une accumulation de dentiers récupérés dans les poubelles d'un hôpital) et plus généralement les explosions de colère, sous la forme de voitures, instruments de musique éclatés, dynamités... ventilés façon puzzle et qui porte pour l'un d'entre eux le doux nom de Chopin's Waterloo.

La rétrospective Arman organisée par le Centre Pompidou présente une bonne centaine d'oeuvres représentatives de la carrière de l’artiste. Ah, pour info, le monsieur était aussi et accessoirement le membre fondateur du mouvement "Nouveau Réalisme". Parmi ses copains de jeu... César comprimait, Yves Klein repeignait le monde en bleu, Martial Raysse revisitait les oeuvres classiques avec des couleurs fluo !

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