23 déc. 2010

Another year et quatre saisons pour vivre et laisser vivre

Mike Leigh - Another Year
Y a des films qui font un bien fou tellement ils présentent des gens imparfaits, même si là pour le coup c'est dans l’extrême. Ici, pas de personnage extraordinaire, pas d'histoire de princesse (pourtant c'est la période), juste le cycle des saisons, pour une année de plus, dans la vie qui passe d'une bande de copains sexagénaires. Au centre de la bande de potes, Tom et Gerry (si si comme le dessin animé mais avec un G), couple de presque retraités, londoniens, bien installés, épargnés par les tracas de la vie et qui ont réussi à transformer de longues années de mariage en tendre compagnonnage. Ils ont la sagesse et l'insolence de ceux pour qui tout tourne rond et cultivent leur petit jardin secret (au sens propre comme au sens figuré). Leur maison et les saisons sont l'occasion d'offrir un espace de bienveillance et d'écoute, d'accueillir les joies et surtout les peines de quelques ami(e)s ou parents malmenés par le temps qui passe et désespérément humain dans leur solitude et leur déprime.

Pour ma part, j'ai adoré l'actrice qui joue le rôle de Mary (Lesley Manville). Ses changements d'expression dans le regard sont dignes des plus grands films muets (cf. la scène de la petite amie et du fils dont elle tente de se faire aimer... très lourdement) et pourtant qu'est-ce qu'elle débite comme dialogue et comme souffrance ! Au final, elle rend le personnage de Mary pathétique et touchant. On se surprend même à vouloir foutre des coups de pieds au cul à notre gentil couple "qui ne porte jamais aucun jugement" sur les autres et qui ne dévient jamais de sa ligne de conduite : l'écoute, toujours l'écoute... et l'action alors ! (Mary évolue au rythme des saisons, alors que Tom et Gerri reste imperturbable dans leur routine).

En synthèse : C'est pas avec Another Year qu'on se remonte le moral en cette période de fête. Ici, la veillesse c'est l'angoisse ! Que ce soit dans l'espoir de la jeunesse, le besoin de séduire, la fatalité de la déprime ou dans le deuil, le présent est insupportable et l'avenir sans grand rapport avec le bonheur indécent qu'affichent Tom et Gerri. Autant dire que l'on est loin de la gaieté, de l'attitude optimiste et insouciante de "Happy-Go-Lucky". Mais là où Poppy est une caricature du bonheur (elle est égocentrique, le rôle est surjoué et elle provoque clairement l'énervement), qui ne pense qu'à elle et agit sans faire attention à la conséquence de ses actes, Tom et Gerri, eux, font plutôt point d'ancrage et exemple pour ceux qui les entourent au point que tous leurs proches veulent s'accrocher comme moule à son rocher... sans pour autant être compris et recevoir un magnifique... "tu devrais voir un professionnel"... Argh !

PS : y a comme un gros arrière goût de Candide et de Voltaire dans ce film de Mike Leigh. En trois mots "Cultiver son jardin", c'est à dire travailler socialement, intérieurement. La solitude et la déprime seraient, inévitables pour ceux qui n'auront pas su comme Candide, cultiver leur jardin. Allez vivement une bonne comédie romantique et beaucoup de passion :-)

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