11 déc. 2010

Le lac des cygnes... sans mentir, le ramage ne se rapporte pas qu'au plumage

Le lac des cygnes - Opéra Bastille
Ça aurait pu être la faute à la météo si je n'avais pas été à mon rendez-vous vendredi. Mais bon, y a des fois on serait près à rentrer à pied, avec de la neige jusqu'aux genoux, pour rejoindre ceux qui vous manque de tellement pas les voir assez (nonnnnn ! je déconne, on peut aussi attendre que la neige fonde). Des fois le manque de ne pas se voir c'est une histoire de distance... 6 000 km... et là c'est pas simple à franchir d'un coup (surtout avec l'océan entre les deux). Des fois, c'est même pas une histoire de distance, c'est juste une histoire d'attitude, de non-dits et là... c'est encore moins simple à franchir d'un coup. Hier, c'était une histoire de distance, de longue date et de soirée à l'opéra : au programme, revoir "Le lac des cygnes". Je dis revoir, parce que la dernière fois c'était à l'opéra Garnier. Show Boat est à la comédie musicale ce que Le lac des cygnes est au ballet... mythique. Pour ne rien gâcher, il s'agissait de la version adaptée par Noureev (pour le coup, lui aussi danseur mythique).

Dans la vraie vie, un cygne c'est un oiseau pas très sociable. Faut surtout pas se frotter à son plumage au risque de devoir supporter quelques morsures. Au delà de cette description pas très avantageuse je le reconnais, pour l'histoire qui nous intéressait ce vendredi, le cygne était surtout symbole de force et de beauté. Dans Le lac des cygnes, autant dire que le rôle du prince, visiblement amoureux d'un cygne interprété par une ballerine, laisse tout de même l’ambiguïté possible... cygne mâle ou femelle ? Chacun y trouvera l'écho qui lui plaît. Pour ce qui est de l'histoire, elle est, comme d'hab' féerique. Pour la fin, cela dépend grandement du chorégraphe. Parfois heureuse, parfois tragique. Pour Noureev, c'est la référence tragique qu'il faut retenir. L'histoire du prince Siegfried, d'Odette condamnée à se transformer en cygne dès le levé du jour et du sorcier maléfique qui pousse sa propre fille (Odille, sosie d'Odette et cygne noir) dans les bras du premier afin qu'il avoue ses sentiments à la mauvaise personne et condamne Odette à son triste sort. Pfiou ! ça va vous suivez toujours ? Perfidie, amour, désir d'infini, refus de la réalité et du mariage se fondent dans le merveilleux, le virtuose et la performance technique des danseuses et des danseurs. Ledit ballet reste un vrai plaisir, année après année. Ma bonne copine C. dit d'ailleurs que "Le lac des cygnes" est un rituel de fin d'année. Et si l'élégance c'est aussi de se mettre en retrait, je dis que les danseuses et danseurs qui accompagnaient Siegfried et Odette étaient très élégants lors de ce ballet. A voir absolument !

PS : en février 2011 sortira Black Swan, l'histoire d'une rivalité entre deux danseuses sur fond de Lac des cygnes, avec Natalie Portman en malheureux cygne blanc et Vincent Cassel en directeur intrigant. Voici la bande-annonce.

PS2 : Le lac des cygnes à l'opéra Bastille c'est jusqu'au 5 janvier 2011. Une occasion de redécouvrir l'énorme apport chorégraphique de Noureev à ce ballet, et parmi tant d'autres... mise en valeur du rôle masculin de Siegfried... douze couples mixtes qui deviennent seize garçons... pas de deux qui devient pas de trois, etc.

PS3 : même si le cygne noir est le seul rapport entre Le lac des cygnes et le livre qui suit, je vous recommande aussi "Le cygne noir" de Nassim Nicholas Taleb. Ce qu’il appelle "cygnes noirs" ce sont des évènements imprévisibles, incroyables et rares et qui possèdent quelques caractéristiques communes : ce ne sont pas des choses qui ne sont jamais arrivées mais leur impact augmente ainsi que leur fréquence. En synthèse : nous sous-estimons le facteur chance... nous sur-estimons notre savoir... il est urgent de ne pas tout prévoir et de savoir tirer parti de l'incertitude.

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