29 oct. 2010
The Social Network... "J'aime"
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Facebook vu par David Fincher |
Le film est aussi l'occasion de mettre en visibilité d'autres protagonistes de l'histoire de Facebook : les jumeaux Winklevoss (les rameurs... dans tous les sens du terme), Eduardo Saverin (le co-fondateur floué dans un premier temps et indemnisé dans un second), Sean Parker (l'autre génie de l'histoire, mais avec quelques casseroles, j'y reviens) et dans une moindre mesure on entrevoit, aussi, les personnages de Dustin Moskovitz et Chris Hughes dont l'influence, dans le film, est largement sous évaluée. Concernant Sean Parker, on peut parler, question business, de sérial entrepreneur. Napster, Plaxo, Facebook, Gowalla... c'est en grande partie lui. Même s'il n'est pas toujours à l'initiative de la création du service, il est souvent la rencontre déterminante, le truc en plus pour le développement du business (investissements, déploiement géographique, nombre d'utilisateurs et usages...). Seulement, y a l'art et la manière de rentrer au capital d'une société et question manière ça patine sérieusement, même si sa participation, son implication, dans un business semble clairement valoir de l'or. On peut comprendre que des investisseurs (qui d'ordinaire s'attendent à faire la culbute dans les trois ans qui suivent) n'hésitent pas deux secondes entre la méthode Saverin et la méthode Parker. L'un connaît les acteurs du marché, est réputé pour être un visionnaire, s'est déjà frotté aux tribunaux et carrément aux foudres d'une industrie toute entière (celle de ma musique), attire les investisseurs dont celui de Paypal. Quant à l'autre, il est de très bonne volonté et inexpérimenté. Quand, en plus, on joue le rôle de responsable financier au moment de l'arrivée des capitaux risqueurs, y a intérêt à se montrer très, très, très... indispensable, surtout quand la société et son service reposent essentiellement sur de la technologie développée par des "Nerds", qui eux, pour le coup, participent clairement à la création de valeur.
En ce moment, un truc qui est plutôt convenant et convenu, c'est de se farcir Facebook. On joue les blattes pinailleuses, ou devrais-je dire les bugs pinailleuses sur l'aventure de ces gars (Mark Zuckerberg et sa bande de joyeux programmeurs) et de cette société qui affole tout bonnement les compteurs de l'économie numérique. Y a comme une espèce d'inévitable tentation de sans cesse rapetisser celui qui fait et qui semble réussir mieux que les autres. Je ne sais pas si ce garçon est bien, à priori y a quelques procès bien négociés qui montrent que par moment là encore ça patine. Je ne dis pas que c'est un saint (heureusement pour lui) ou un héros (c'est une époque où on veut des modèles pour mieux les descendre en flamme), d'ailleurs, à propos de la gloire, Cocteau disait : "on vous enduit de miel, et après les fourmis vous mangent". Ce qui est certain, c'est qu'il a réussi à transformer une bonne idée en idée bonne. Je veux dire par là que tout le monde peut avoir des idées géniales. Seulement, il s'agit de la partie émergée de l'iceberg. Il est beaucoup plus difficile de faire exister l'idée, de la concrétiser. Et comme le dit le personnage de Mark Zuckerberg dans le film : "Si vous étiez les inventeurs de Facebook, vous l’auriez créé". Beaucoup on pensé à l'idée de eBay, à celle d'Amazon ou encore celle de Google. Trois entrepreneurs l'on réellement mis en oeuvre. Pour avoir participé modestement à l'économie numérique de 1999 à 2004 (vous savez... la bulle qui a fait PSCHITT !), c'est pas simple du tout d'imaginer et de développer le service de "la mort qui tue" (qu'il soit technologique ou non), de faire le beau avec son business plan en version "cinquante douze" et de se faire la tournée des capitaux risqueurs de la place de Paris pour lever quelques millions d'euros et faire en sorte que l'aventure dure un peu plus de douze mois pour l'ensemble de l'équipe. Internet, le web, on ne les voit plus parce qu'ils sont désormais partout mais dix ans après l'explosion de la bulle internet, les Google, eBay, Amazon sont devenus des géants et marchent sur les cadavres des start-up (le plus grand nombre) qui n'ont pas trouvé leur marché, faute de moyens, de pertinence ou de volonté. Aujourd'hui, j'assiste, comme beaucoup d'entre nous, à l'envol de la deuxième génération avec les nouveaux porte-drapeaux que sont justement les Facebook et autres Twitter et j'avoue que je suis un brin nostalgique.
En revanche, je reste un peu sur ma faim à propos de l'idée du film qui présente Zuckerberg comme un surdoué "petit con", prétentieux, asocial, paria et handicapé de la relation amoureuse qui aurait créé Facebook pour se venger d'un plaquage en règle de sa petite amie de l'époque. L'idée est séduisante... et pourquoi pas (la frustration est effectivement un énorme moteur de l'innovation), mais le point est pour le moins obscure d'autant qu'il est vrai aussi que certaines personnes peuvent simplement créer quelque chose parce qu'elles comprennent mieux que quiconque les frustrations des autres et savent, mieux que quiconque les retranscrire en service de "la mort qui tue".
PS : Ah oui, au fait, j'attends avec impatience la sortie de "The Social Network... II" où l'on parlera moins d'histoires de coeur qui font soulever des montagnes, de méprise de la vie privée, de nous autres les utilisateurs qui remplissons les serveurs à bloc de poke, de photos, de vidéos qui s'affichent de mur en mur en consommant une bande passante de folie, et que l'on parlera plus de cette incapacité que nous avons tous à ne pas apprendre des erreurs du passé (une espèce de principe de reproduction des mêmes âneries qui caractérise l'humain et où la théorie de l'évolution semble ne pas avoir d'effet). La bulle internet a tout juste dix ans, la crise des subprimes laisse de profondes cicatrices et les financiers continuent à financer avec du vent, à jouer les apprentis sorciers en oubliant les règles basiques du business, du vrai argent, des profits et de la rentabilité. Dans la téléphonie mobile, un monde que je connais pas trop mal, l'abonné paye (trop à son goût, mais il paye). Sur Facebook, Twitter et plus généralement dans le Web 2.0, l'abonné est devenu un compte gratuit. Au final, comme pour le système des retraites, on a beaucoup trop d'utilisateurs et pas assez de payeurs (seuls payent les annonceurs au travers de la publicité). Ces sociétés vivent au rythme des rachats et des fusions-acquisitions financés par un peu de cash, beaucoup d'actions échangées en monnaie de singe, des pertes colossales compliquées à rembourser et le risque qu'un jour les investisseurs veuillent récupérer leurs billes massivement dans un vaste mouvement de repli moutonnier (quand ils deviennent plus banquiers que risqueurs) auquel ils nous ont déjà habitué. Et là, tout s'arrêtera du jour au lendemain et avec pas grand chose à récupérer dans les comptes (bancaires cette fois). Et ben, moi je dis que ça patinera grave ! :)
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