13 nov. 2010
Basquiat, vous l'avez vu ? Entre star météorite et speedball... faites un voeu !
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Jean-Michel Basquiat au MAM 2010 |
Une semaine avant, j'avais profité d'une "mise en bouche", avec l'aide d'une spécialiste qui était venue proposer la rétrospective de la rétrospective... une demi journée, sur la vie du peintre (et pas du graffiteur... il y tenait) et ses oeuvres majeures. Au programme, et dans le désordre, SAMO©, Annina Nosei, Al Diaz, Gray's Anatomy, Andy Warhol, Mary Boone, le Pop Art, Francesco Clemente, Bruno Bischofberger, la Factory, le Mudd Club, PRKR (Charlie Parker), Miles Davis, Yvon Lambert, Julian Schnabel, Larry Gagosian, Keith Haring, William S. Burroughs etc. L'occasion de découvrir ses compositions (sampling pictural) chargées de symboles (couronnes, auréole d'épines, organes, squelettes...), faites, pour beaucoup, de matériaux de récupération bruts (planches, toiles, fenêtres, frigidaire...) de strates de collages et/ou de couches de peintures très colorées (acrylique, pastel gras, à l'aérosol...), de mots, de phrases, d'onomatopées, raturées ou non, effacées ou non, et inspirées par la musique (Hip hop, Jazz, Blues...), la bande dessinée (Batman, Superman, Dick Tracy...), le sport (base ball, boxe, football américain...), ses cultures haïtienne, porto-ricaine, africaine, l'Amérique et le New York des années 80 (capitalisme des années Reagan, les inégalités, le racisme...), influencées par des peintres tels que Picasso, De Vinci, Dubuffet et tous les artistes européens qu'il avait pu voir au Brooklyn Museum et au MoMA.
Savoir cela, et plus encore, n'est-ce pas trop en savoir, lorsque, finalement, on va découvrir un artiste ? La question s'est posée. Creuser le sujet, tenter de mieux comprendre Basquiat, le replacer dans le contexte de son époque, des chronologies, des noms, des périodes, des influenceurs, des intrigants, des profiteurs... et allez voir la rétrospective Basquiat au Musée d'Art Moderne de Paris ou au contraire, ne s'accrocher à rien d'autre qu'à la peinture, telle qu'on la voit, à l'oeuvre de l'artiste, quitte à compromettre son interprétation, en diminuer la signification... Pour Pierre Soulage, je cite : "Trop souvent le grand public est intéressé par les œuvres à travers le côté spectaculaire du personnage. Quand il s'agit d'un artiste ou d'un écrivain, on parle de l'homme pour essayer d'ouvrir les yeux sur une œuvre" ... "L'explication ne remplace jamais l'œuvre, et par bonheur" ... "l'œuvre n’est pas réductible à la pensée d'un moment"... "La réalité d'une œuvre c'est le triple rapport qu'il y a entre la chose qu'elle est (sur laquelle peuvent se faire et se défaire les sens), celui qui la regarde, avec sa mentalité, son époque, sa psychologie, etc. ; et aussi celui qui l'a faite, car ce n'est pas n'importe quelle chose, c'est une chose faite par un homme et c'est le produit de décisions, de stratégies, de risques et de chances. Un triple rapport entre l'artiste qui l'a faite, la chose qu'elle est, et celui qui la regarde ; c'est ça, la réalité d'une œuvre".
Contrairement à Arman (cf. le post "Arman explose de colère au centre Georges Pompidou"), pour Basquiat je suis ressorti en fan très très très... très fan. Basquiat disait de ses tableaux : "Tout est bien en place même s'il n'y paraît pas". C'est vrai qu'au premier coup d'oeil, on a plutôt l'impression de se retrouver chez Mr Bricolage (n'y voyez que de l'admiration et aucunement de la moquerie... mais il est très facile, pour un profane, de se poser la question du "pourquoi s'est-il arrêté de peindre cette toile à ce moment, tant les toiles semblent inachevées par moment"). Dans ce beau bazar, et parmi la longue liste, mes préférences vont à "Untitled 1981" (Fallen Angel), "Untitled 1981" (skull), "Tuxedo" (1982-1983, sérigraphie sur toile), "In Italian" (1983), "Per Capita" (1983), l'énorme "Grillo" (1984), "6.99" (1985), "Pegasus" (1987)... en attendant de voir, un jour, "Riding with death" (1988). Si je dis, en attendant de voir, c'est parce qu'il est clair, que regarder une oeuvre au travers du surf internet ou des livres n'y suffit pas. Comme diraient certains, c'est nécessaire mais pas suffisant. Pourquoi me direz-vous ? Tout simplement pour la réalité de l'oeuvre... taille, couleur, relief, détails, tout ce que l'image en deux dimensions gomme, estompe, cache. C'est, tout juste, plus beau en vrai.
PS : au Musée d'Art Moderne de Paris, le choix des oeuvres est très (peut être trop...) associé aux galeries, expositions qui les ont accueillies. On est pas très loin d'une salle... une galerie, une exposition.
PS2 : Au delà du Musée d'Art Moderne de Paris et de l'exposition Basquiat (vernissage du 14 octobre 2010), il est possible de découvrir l'artiste au travers d'autres média : films "Jean-Michel Basquiat: The Radian Child" de Tamra Davis (2010), "Downtown 81" de Glenn O'Brien (2001), "Basquiat" de Julian Schnabel (1996)... livres "Basquiat" de Marc Mayer Ed. Flammarion (2010), "Basquiat" de Dieter Burchhart Ed. Hatje Cantz (2010)... radio "Richard Rodriguez, un des premiers collectionneurs français de Jean-Michel Basquiat",
PS3 : Johnny Depp parle de Jean-Michel Basquiat... et ç'est peut être mieux qu'un long discours : "Certaines de ses oeuvres me tuent et d’autres ne me font absolument aucun effet. Mais une fois que tu es touché, tu peux soit être dévoré par une espèce de quiétude intérieure, soit te retrouver plié en deux d’un fou rire énorme et douloureux".
PS4 : Basquiat et Al Diaz se sont inspirés du travail de l'écrivain William Burroughs, de ses textes et de sa technique du cut up qui consistait à créer un texte à partir d'autres fragments textuels de toute origine (littérature, articles de presse, catalogues de vente par correspondance...) "découpés de manière régulière, et remontés selon une logique prédéfinie, afin de faire émerger l'implicite, l'inavoué des textes de départ".
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